Green Steps

La ville nous a fait un excellent accueil, et Lucienne Pubellier, française installée sur place nous a préparé un programme de visites dès notre arrivée. Nous avons donc pu visiter Sønderborg avec l’ancien et l’actuel architecte de la ville, Vivian Kroll et Christian pour comprendre les problématiques politiques et économiques actuelles du territoire. Nous avons également fait le tour de projets phares de la presqu’île d’Als à l’entrée de laquelle se trouve la ville, avec Peter Rathje, le directeur de ProjectZero, avant d’assister à une présentation du projet à l’université Alsion.

 

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Une initiative de fonds publics et privés

 

ProjectZero est une initiative née en 2007 sous la volonté d’acteurs privés et publics, ayant la volonté ambitieuse de réduire à zéro leurs émissions carbone. Sønderborg, commune de 76 000 habitants, avait constaté l’exode des populations jeunes vers les plus grandes villes de Copenhague et Aarhus. Pour relancer l’économie et se développer en marge de ces deux agglomérations, la ville a décidé de devenir un centre d’expérimentation et d’exemple en termes de consommation et production d’énergie.

 

Des campagnes ont donc été lancées pour modifier le système de production d’eau chaude et d’électricité à l’échelle du territoire, encourager des pratiques durables pour les entreprises, mener une politique de rénovation des maisons en travaillant avec les habitants et travailler avec les étudiants de la maternelle à l’université. Prenant en compte la problématique énergétique de manière multi-échelles, la ville souhaite démontrer qu’investir dans le développement durable est source de profit et créateur d’emplois.

 

Le projet ne pourrait pas exister sans la sponsorisation de l’entreprise Danfoss, créée en 1933 dans la région et aujourd’hui leader mondial dans les domaines du chauffage, de la climatisation et de l’énergie. L’entreprise voit en la ville un terrain d’expérimentations et vitrine de son activité. Projectzero nait donc d’une alliance de parties privées et publiques : la ville de Sønderborg, Danfoss, SYD ENERGI, DONG Enery, le fond Bitten & Mads Clausen,  et le fond danois Nordea Denmark Fund.

 

Energétique et ville

 

La municipalité de Sønderborg travaille sur la transition des sources d’énergies de la ville. La ville est actuellement  en partie alimentée par une usine d’incinération des déchets, situé  à l’Est de Sønderborg, qui produit 4,7MW et chauffe l’eau à partir des 1400 tonnes de déchets récoltés chaque semaine chez la moitié des habitants de la ville. Une autre usine est attenante, fonctionnant aux copeaux de bois, qui sert de renforcement lors des périodes de pics de demande. Si cette solution permet de traiter la question des déchets et de produire de l’énergie sur une ressource renouvelable, Peter Rathje nous souligne que cette usine ne peut pas fonctionner à terme, dans le cadre d’une ville voulant viser la neutralité carbone.

 

La municipalité travaille donc à développer d’autres moyens de production alternatifs, telle qu’une centrale géothermique fonctionnant en boucle fermée avec une nappe phréatique. Cette centrale est possédée par les utilisateurs et gérée sous la forme d’une organisation à but non lucratif. Cette installation est couplée avec les champs de panneaux solaires existants, de 10 000 m², à Vollerup, que nous visitons, avec deux autres fermes solaires. Une partie de ce parc est également dédiée aux panneaux photovoltaïques (100m²).

 

Peter Rathje nous montre également des éoliennes qui ont été installées récemment et nous évoque la difficulté d’implanter ces installations, dont les voisins, situé au plus proche à une distance de quatre fois la taille de l’éolienne, se plaignent soit du bruit, soit de la vue. Au contraire, lorsque la possibilité est donnée aux habitants de posséder une part de l’éolienne, et ainsi toucher une rente, les installations sont beaucoup plus acceptées. La différence entre propriétaires ou non des turbines génèrent ainsi régulièrement des tensions sociales qui rendent donc difficiles l’implantation des éoliennes. Un projet de fermes éolienne en mer est également en cours de planification mais se heurte également à ces fortes tensions.

 

Sensibilisation des habitants

 

Si l’initiative de ProjectZero a été lancée par la mairie et les acteurs politiques du territoire,  la ville travaille également à l’échelle du citoyen, pour les informer et sensibiliser au projet, et un sondage a montré que 93% des habitants connaissaient ProjectZero. En effet différentes actions ont été menées à l’échelle citoyenne comme avec les familles nommées ZEROfamilies, et suivent une formation pour apprendre à économiser de l’énergie, reportant leur consommation chaque mois. Ces familles consomment en moyenne 25% d’énergie et 45% d’eau en moins, et servent aujourd’hui d’ambassadeurs pour la communauté.

 

Des programmes de rénovation des maisons sont également proposés : ZEROhome, ayant touché plus de 1200 maisons. Un expert vient gratuitement  faire une analyse du logement, et propose ensuite, en fonction du niveau de vie de la famille des modifications à différente échelles : de la simple habitude des modes de consommation aux grands travaux de rénovation de l’isolation ou de ventilation. La famille qui nous a hébergé nous a ainsi montré ainsi la ventilation double flux installée dans le grenier et le renforcement de l’isolation du toit et des menuiseries dans lesquels ils ont décidé d’investir.

L’expert propose également une liste d’artisans locaux ayant suivi la formation spécialisée pour l’efficacité énergétique, contrôlé par la formation technique (EUC Syd). Pour financer les programmes de rénovation, les banques locales proposent également des prêts à taux avantageux. Ce programme de rénovation de maisons a pu relancer l’économie locale du bâtiment.

 

Autres initiatives en oeuvre: transport et éducation

 

ProjectZero propose aussi des solutions liées au transport, que nous avons cependant moins abordé. Des véhicules électriques sont en test dans les familles, et des bus libres ont été mis en période d’essai dans certains hameaux plus reculés. Ces bus fonctionnent en collectif : si les habitants ont tous besoin de faire le même trajet, ils peuvent utiliser le bus à disposition pour aller ensemble en ville. Cette initiative a été lancée encore récemment et ils attendent les résultats de l’expérience. Le centre-ville de Sønderborg a également été revu, et nous avons pu discuter avec les architectes de la ville de la mise au point de rues piétonnes dans le centre-ville.

 

Les enfants sont également particulièrement sensibilisés dans les écoles. Nous avons pu visiter une école de réinsertion, puis une école primaire. Le bâtiment affiche lui-même des caractéristiques durable, mettant en avant ses éoliennes et panneaux solaires. Les enseignants ont suivi des formations pour sensibiliser les enfants au développement durable et une maison de la Science a été ouverte pour proposer des programmes plus larges aux enfants. Nous ne rentrerons pas ici plus dans les détails, comme nous n’avons pas pu rencontrer comme prévu la directrice de la maison de la Science local, mais nous décrivons par la suite un type d’éducation alternatif avec l’interview et la visite de la Green School à Bali.

 

D’autres certifications locales touchent les entreprises et bâtiments tertiaires : les ZEROcarbon facilities pour les centre sportifs et installations publique, ZEROcarbon pour les entreprises privées. Aujourd’hui Sønderborg ouvre une université et organise des séminaires exportant son savoir-faire et ses méthodes d’analyse. Lucienne Pubellier organise les premiers workshops en partenariat avec les compagnons de France, notamment dans le domaine de la couverture et de la ventilation.  La route est encore longue jusque la neutralité carbone en 2029, mais la ville démontre l’expression « Penser global, agir local » et croit en ses ambitions. Elle a d’ailleurs réduit de 30% ses émissions depuis 2007.

 

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Pour aller plus loin: http://www.projectzero.dk/

Photo credits: Honorine van den Broek & Camille Aubourg